. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Focus sur...

...les dessins de Marevéry

Quels spectacles pouvait-on voir à Paris à l’aube de la Première Guerre mondiale ? La numérisation d’une partie des dessins d’Yves Marevéry (1888-1914) nous en offre déjà un bel aperçu.

En 1907, alors qu’il n’a que 19 ans, Yves Marevéry dessine déjà depuis sept ans des silhouettes d’acteurs lors des matinées de la Comédie-française qu’il suivait avec sa sœur et ses amis. Il réalise cette même année un portrait de Georges Feydeau, auteur alors en pleine gloire qui vient d’achever la rédaction de La puce à l’oreille (venez découvrir le portrait de l’acteur Germain qui interprétait le rôle de Poche dans cette pièce). Ce même dessin rassemble plusieurs acteurs jouant quatre pièces différentes, reflet de ce que l’on joue beaucoup à l’époque : vaudevilles, revues, opérettes.

Conseillé et encouragé par Abel Faivre, qui collabore à L’Assiette au beurre et au Rire, il commence à exposer au Salon des humoristes en 1906. L’art et la mode publie ses dessins qui paraissent dans les colonnes de la critique théâtrale, puis il devient le caricaturiste attitré de ce journal. Il collabore également à d’autres journaux comme L’Officiel des théâtres, L’Intransigeant, Le Radical, L’Indiscret

Cette période marque le début d’une intense activité créatrice car Marevéry a la possibilité d’assister aux premières les plus importantes ainsi qu’à de nombreuses revues de music-hall. Grâce à l’amitié de Georges Feydeau – qui lui demande des croquis de ses décors pour ses éditions – et d’Armand Berthez, directeur du Théâtre des Capucines, il a ses entrées dans le monde du spectacle. Durant cette même période, il doit faire face à de sérieux concurrents tels que Sem, Cappiello ou Daniel de Losques – dont le style se rapproche le plus – considérés comme les maîtres de la caricature théâtrale.

En 1911, des expositions au Théâtre des Variétés et au Salon du Gil Blas consacrent son talent. On lui commande des couvertures de livres, de partitions, il réalise des projets d’affiches pour Albert Brasseur, Nina Myral, Edouard de Max, Georgette Delmarès, ainsi que des publicités pour des voitures ou des restaurants. En 1913, on lui demande d’organiser des silhouettes-projections de ses dessins lors de la revue Tu m’fais rougir, au Moulin-Rouge.

En 1914, Marevéry souffre encore d’une grippe mal soignée et est donc trop faible pour être incorporé. Il meurt le 10 octobre 1914, âgé de 26 ans. Il laisse une série de silhouettes et caricatures de personnalités les plus en vue du tout-théâtre de son époque, à la fois ironiques et légères, et très proches du portrait.

Anne-Lise Chatard, Département des Arts du spectacle

Georges Feydeau, 1907<br>============================

Georges Feydeau, 1907
============================

Louis Gauthier et Yvonne de Bray, 1907<br>============================

Louis Gauthier et Yvonne de Bray, 1907
============================

Yvonne de Bray, 1907<br>============================

Yvonne de Bray, 1907
============================